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Le musée se met au parfum

Illustration : Willem van Diest, Marine par temps calme, 1646 – Musée Fabre de Montpellier
21/01/2015
Faire d’un parfum le trait d’union entre un tableau et les visiteurs d’un musée, c’est le défi relevé par des étudiants de la Faculté des sciences. Ou quand l’art rencontre la science pour le plus grand bonheur du public.

C’est une marine comme il en existe des milliers, illustration parmi tant d’autres d’un thème cher à l’âge d’or de la peinture hollandaise. Rien de très original à première vue dans cette œuvre immortalisant le retour de pêcheurs, par un matin calme, sur un littoral anonyme. A y regarder de plus près pourtant, la scène ne manque pas de charme avec sa lumière envoûtante, ses jeux d’ombres et de lumière savamment orchestrés, son sable brun doré plongeant dans des eaux translucides... Et puis ce ciel, omniprésent, dont on ne saurait trop dire s’il annonce les prémisses d’une tempête ou le retour au calme après une nuit de gros temps.

Cette scène, tirée d’une peinture sur bois de Wilhem Van Diest (1600-1678) a été, parmi d’autres œuvres du musée Fabre, au cœur d’un projet mené par les étudiants du master Ingénierie des cosmétiques, arômes et parfum. Leur challenge : retranscrire l’atmosphère d’un tableau par une fragrance de leur création. Pour Julia Prats, qui a travaillé avec 3 de ses camarades sur « Marine par temps calme », la difficulté consistait notamment à éviter l’écueil d’une lecture trop littérale : « nous ne voulions pas créer quelque chose qui serait trop marin, trop iodé... » explique-t-elle.

Atmosphère cotonneuse, note solaire et sable chaud…

« Nous avons surtout cherché à retranscrire l’atmosphère cotonneuse du ciel, le contraste entre la transparence de l’eau, l’ambiance lourde et humide du tableau mais aussi sa dimension très aérienne, qui a inspiré une note solaire dans notre composition ». Il y a indéniablement de la poésie dans cette manière de sonder l’âme de l’œuvre, dans cette façon d’évoquer « l’odeur de sable chaud » dont parle Julia Prats. L’étudiante reconnait d’ailleurs que le processus de création fut « moins méthodique que créatif ».  Mais la chimie n’est jamais bien loin. C’est par un savant assemblage de matières synthétiques que ces apprenties-parfumeuses sont parvenues à donner à l’œuvre son identité olfactive. « Une fois la note désirée obtenue, il faut l’adapter, la mettre dans un solvant, avec une contrainte particulière tenant au fait qu’il fallait diffuser le parfum dans l’espace... » poursuit Julia Prats.

Présentée à l’occasion de la nocturne étudiante du musée Fabre, leur fragrance a aussi permis à un public spécifique, celui des non-voyants, de pénétrer dans le monde de la peinture.  Avec un succès certain. « Nous leur  avons demandé de décrire ce qu’ils ressentaient à partir du parfum, et grâce à leurs sens et une imagination hyper-développée, certains ont été capables de décrire précisément le tableau… » raconte l’étudiante qui s’est depuis envolée vers Grasse, capitale de la parfumerie, pour y exercer ce qui est peut-être le plus délicat des métiers scientifiques.

Illustration : Willem van Diest, Marine par temps calme, 1646 – Musée Fabre de Montpellier

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